Napoléon et le Portugal
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Les Invasions Françaises de Napoléon au Portugal
Napoléon était un génie militaire. La rapidité de ses troupes surprenait l’ennemi. Grâce à une nourriture plus abondante et de meilleure qualité, rendue possible par les nouvelles techniques agricoles, la population avait doublé en quelques années, fournissant ainsi davantage de soldats. La révolution industrielle avait également contribué, apportant plus de fer pour la fabrication de canons et de fusils. Napoléon planifiait ses batailles avec méticulosité.
1807
Napoléon exigea que le Portugal ferme son port de Lisbonne aux Anglais, sous menace d’invasion et de prise de pouvoir. L’Angleterre, alliée du Portugal depuis le XIe siècle, propose alors au roi João VI de se réfugier au Brésil, offrant leur protection durant la traversée. L’offre était alléchante, mais en cas de refus, les Anglais menaçaient de bombarder Lisbonne, de s’emparer de la flotte et des colonies, sources de richesses économiques pour le Portugal (or, diamants, tabac, sucre et esclaves). Le roi avait également l’option de combattre Napoléon aux côtés des Anglais, mais l’idée ne lui traversa pas l’esprit, bien que l’armée française de mercenaires, épuisée par les conflits incessants, aurait pu être vaincue…
Le Portugal, avec ses 3 millions d’habitants, ne disposait pas d’une population suffisante pour défendre et maintenir son empire colonial. Lisbonne était un comptoir commercial important dans un pays profondément conservateur, où l’influence de l’église était prédominante. La richesse nationale ne provenait pas de la créativité, de l’innovation ou des investissements à long terme, mais de l’exploitation facile des colonies.
29.11.1807
Le roi João VI choisit de se « réfugier » au Brésil. Cette fuite, loin d’être improvisée, avait été envisagée depuis trois siècles comme une option en cas de crise grave. Les palais de Mafra et de Queluz furent évacués : tapis, peintures, vaisselle, vêtements, bijoux, argenterie des églises et toute la bibliothèque royale (60 000 livres) furent emportés. Le roi et son entourage prirent la mer à bord d’une cinquantaine de bateaux, sous les pleurs du peuple resté dans les rues. Le roi, avant de partir, fit placarder des affiches expliquant que les troupes de Napoléon étaient en route et qu’il serait inutile de verser du sang en résistance. Il exprimait également son regret de ne pas avoir pu maintenir la paix malgré tous ses efforts.
Pour assurer la survie de la monarchie, il aurait été sage de disperser la famille royale, mais dans la précipitation, cela ne fut pas fait, et trois générations se retrouvèrent sur le même bateau. Le roi emporta avec lui le trésor des richesses : la moitié de l’argent en circulation au Portugal, ainsi que des diamants. Le peuple, appauvri, subissait la famine.
La vie sur le bateau était misérable : les navires, hermétiquement fermés, ressemblaient à des saunas à voile. Sans eau courante, salle de bains ni toilettes, les passagers devaient cohabiter avec les rats et autres vermines. La nourriture et l’eau potable se gâtaient rapidement, obligeant tous à consommer de la bière et du vin. Le scorbut, dû à la carence en vitamine C, et les infestations de puces, aggravées par le manque d’hygiène, rendaient la vie à bord insupportable. Au bout de deux mois, ils arrivèrent à Salvador, chauves, sales et en vêtements souillés. Les Brésiliens, eux, étaient ravis de l’arrivée de leur roi.
La première action du roi fut d’ouvrir les ports, favorisant ainsi l’essor commercial. Il ordonna la construction d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, d’usines et le traçage de rues. Tout changea : santé, architecture, culture, art et coutumes. Le roi, libéré de l’oppression de la noblesse et du clergé, était heureux et efficace. Il devenait un roi populaire au Brésil, contrairement au Portugal. Les Brésiliens, plus hygiéniques et dynamiques, contrastaient avec les Portugais.
Deux jours après la fuite du roi, les Français envahirent Lisbonne. Les Portugais, craignant la réputation de la « forteresse Napoléon », ne tentèrent pas de résistance, bien que l’armée française affamée et épuisée, composée de mercenaires étrangers sans ambition et dirigée par un piètre stratège, le général Junot, aurait pu être facilement vaincue.
Le roi d’Espagne, souhaitant également fuir, fut capturé et dut abdiquer.
En août 1808, des batailles eurent lieu à Roliça et à Vimeiro. (Roliça, situé au sud d’Óbidos, propose une promenade balisée commençant près d’un panneau d’azulejos illustrant la bataille, commémorée chaque année en août. Un centre d’interprétation se trouve à Vimeiro.)
En 1809, les Linhas de Torres furent érigées : 152 postes de défense sur une ligne de 48 km reliant le Tage à l’océan, formant une boucle défensive autour de Lisbonne.
En 1811, les dernières troupes françaises furent chassées, permettant au roi de rentrer. Cependant, il était tellement plus libre et heureux au Brésil qu’il ne revint au Portugal qu’en 1821, en larmes, accompagné seulement par un tiers de sa cour.
Dans ses mémoires, Napoléon écrivit « foi o único que me enganou ».